La création



LES BRONZES


De toutes les matières, l’argile demeure celle qui peut le mieux reproduire dans les trois dimensions la conjugaison de la pensée et des manipulations physiques de l’artiste.
Et de tous les alliages de métaux, le bronze reste celui qui se prête le mieux à la restitution quasi parfaite de l’œuvre originelle pouvant être ainsi multipliée.

Un bronze est authentique s’il est tiré d’après une œuvre originale faite en plâtre, en terre ou en cire, par l’artiste, et sous son contrôle direct.

Pour qu’une épreuve en bronze soit considérée comme authentique, les tirages ne doivent pas dépasser 8 exemplaires, auxquels on admet 4 exemplaires supplémentaires en épreuves d’artiste numérotées de I à IV, et annotées EA.

Technique de fabrication d’un bronze.

A la cire perdue : l’artiste réalise l’œuvre originale sur laquelle on prend un moule à « bon creux » qui reproduit l’œuvre en négatif ; moule autrefois fait en plâtre ou en gélatine, de nos jours souvent en élastomère renforcé par un habillage en plâtre, en deux ou plusieurs parties selon la forme et la dimension du modèle original.

Après que le moule a été reconstitué par l’assemblage de ses différentes parties, on le remplit de cire chaude liquide, puis on le vide, à plusieurs reprises, pour que la cire en refroidissant se fige et se dépose en une certaine épaisseur sur les parois intérieures du moule, afin d’obtenir plus tard l’épaisseur voulue du bronze. Lorsque les dimensions du modèle sont trop importantes, on enduit les parois intérieures des parties du moule alors « éclaté », au pinceau.

Quand les parois du moule sont apprêtées de cire, on remplit l’intérieur qui est encore vide avec une matière réfractaire liquide qui en refroidissant va durcir et constituer le noyau du moule.

Après quoi le moule est ouvert (très souvent il est fait de deux parties verticales quand la sculpture est de dimensions normales), pour faire apparaître cette sculpture test faite de cire à l’extérieur, sa « peau », et de matière réfractaire solidifiée dans son intérieur. A la vue de cette première sculpture test, l’artiste peut apporter certaines modifications sur la cire même.

Sur cette sculpture test on colle ensuite un certain nombre de bâtonnets de cire dirigés vers l’extérieur (d’une dizaine de centimètres environ), et qui, en fondant, formeront des tubes d’évacuation appelés égouts pour ceux où la cire s’écoulera, jets pour ceux où l’alliage en fusion s’introduira, et évents pour ceux qui permettront aux gaz et à l’air de s’échapper. On fixe également de petites tiges en fer piquées dans le noyau réfractaire (qui se trouve sous la cire, le corps en quelque sorte), qui le maintiendront en place au moment de la coulée, quand la cire fondra.

Après la pose de ces bâtonnets, la sculpture test en cire est recouverte d’une matière réfractaire très fine, capable d’épouser le moindre détail de cette « peau ». Cette opération est appelée l’imprimage. Tous les bâtonnets sont ensuite reliés entre eux par des tubes qui canaliseront les évacuations vers l’extérieur.

On pose alors une nouvelle épaisseur, importante, de matière réfractaire plus sommaire par dessus l’ensemble, pour constituer le moule de fonderie qui va ressembler à un gros cylindre capable de supporter les fortes températures de l’alliage en fusion. Ce moule de fonderie va d’abord être soumis à une température de 200 à 300 degrés, dans une étuve, pour que la cire intérieure fonde et s’écoule par les canaux. Puis il va être soumis à une cuisson de 600 degrés qui va durcir le moule qui resservira, et le noyau.
 
coulee
la couléeSurvient alors l’opération la plus périlleuse, mais la plus indispensable, la coulée.

L’alliage en fusion (environ 1 000 degrés) est introduit au moyen d’une poche de coulée (sorte de baquet tenu par deux hommes) dans la partie supérieure du moule de fonderie,
Moule de fonderie
en un seul jet, pour prendre la place laissée libre par l’épaisseur de cire qui a fondu auparavant. Quand il a refroidi, ce moule de fonderie est alors cassé (c’est le décochage), avant qu’il fasse apparaître enfin l’épreuve en bronze. Le noyau qui demeure toujours à l’intérieur en est alors retiré par petits morceaux au travers d’ouvertures. Commence alors le long travail de l’ébarbage, du rebouchage, de la ciselure et de la patine. Les autres épreuves sont ensuite réalisées de la même manière.
 

LES ARGILES

Argile
L'argile est une production permanente de la Terre. Elle est produite par l'érosion de la surface de la croûte terrestre, en particulier par l'action de l'eau (précipitations, fleuves et glaciers) qui désintègre par broyage et action chimique les roches en les fractionnant en particules de plus en plus petites. 

Sa composition chimique est très semblable à la décomposition moyenne de la surface de la Terre, dans son ensemble, qui est composée pour 75 % de silice et d'alumine. Les autres éléments sont différents oxydes et bien sûr l'eau. L'argile est essentiellement produite par le minéral le plus commun sur la Terre : le feldspath. 
Il existe un grand nombre d'argiles très différentes. Les diverses conditions géologiques qui permirent la formation de lits d'argiles de compositions chimique et physique différentes expliquent cette grande variété. 
Je travail essentiellement avec des terres à faïence. Elles sont cuites de 950° à 1100° environ.
 

LA "PAPER CLAY" OU TERRE AU PAPIER 

La terre-papier est connue dans le monde anglophone sous l’appellation  paper clay. En français, la terre-papier est parfois appelée argile cellulosique, argile cellulose ou encore argile papier. Elle fait partie de la famille des argiles fibrées comportant des fibres d’origine végétales, minérales et synthétiques.

Une terre-papier de modelage contient environ 3 % de fibres, elle est préparée à partir de 30 g de papier et d'1 kg d'argile sèche:

  1. Le papier est tout d'abord trempé puis défibré dans un seau rempli d'eau.
  2. L'argile sèche est recouverte d'eau puis homogénéisée pour former une barbotine.
  3. Les fibres du papier sont égouttées puis mélangées à la barbotine d'argile.
  4. L'excédent d'eau est éliminé sur une surface absorbante comme un carreau de plâtre.
 
Argile

La terre-papier résulte d’un mélange d’argile, de fibres de cellulose et d’eau. L'argile est celle utilisée pour la terre cuite, le grès ou la porcelaine.
Le papier est composé principalement de fibres de cellulose provenant de végétaux. La longueur de ces fibres varie de 1 à 3 mm pour une section d'environ 0,03 mm.

Il est nécessaire de défibrer le papier pour la préparation de la terre-papier en le faisant tremper dans un grand volume d’eau. Selon le type de papier cette opération demande plus ou moins de temps et d’énergie.


Les propriétés de la terre-papier

Les fibres augmentent la résistance de l'argile de modelage qui peut être travaillée tout en finesse, en drapés ou en transparences.
Les assemblages des différents éléments se font à tous les degrés d’humidité :

  • humide sur humide
  • humide sur sec
  • sec sur sec.

Les modelages de formes élancées sont permis grâce à l’utilisation de supports divers et de rajouts lorsque la terre-papier est raffermie.
La manipulation à sec est aisée, car une fois sèche, la terre-papier est compactable et peut être peinte, vernie ou patinée.